L’entretien donné par l’auteur à la rédaction de la revue décrit les raisons des écarts des élèves de milieux populaires dans leur rapport à l’école et au savoir. Il montre ainsi que ces élèves et leurs familles sont conduits à privilégier les apprentissages fondamentaux, en accordant une importance à court terme à la réussite aux contrôles et aux notes qui les sanctionnent, en valorisant la maitrise pratique et la résolution de problèmes concrets. La place de l’écrit est décisive dans ce processus car elle opère une rupture avec la culture orale de ces élèves qui ne perçoivent pas toujours les enjeux de cette rationalité seconde. Ils doivent alors comprendre que la culture écrite ressaisit le réel et qu’elle met à distance leurs usages familiers et leurs expériences premières. L’école devrait ainsi porter plus d’attention à la façon d’aborder les connaissances scolaires, notamment en écartant des dérives formalistes pour se centrer sur la pertinence et la force des contenus enseignés. De fait, la conduite des apprentissages est déterminante, qui doit former tous les élèves à la réflexion critique, à la pratique de la théorisation et à l’autonomie intellectuelle.