
Romantisme n° 154 (4/2011)
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L’expression « Dieu vivant » provient de la Bible (nombreuses occurrences dans l’ancien et dans le nouveau Testament). Elle figure en bonne place dans les dictionnaires du XIXe siècle, portant la notion d’un « vrai » Dieu (par opposition aux « idoles ») et d’un Dieu « personnel » (par opposition aux idées abstraites), conçu comme principe de toute vie. Cette étude part d’un constat : la fréquence de réemploi en contexte romantique, la richesse des potentialités de réutilisation. « Dieu vivant » se constitue en formule-bascule, pour réinvestir des représentations théologiques et déboucher sur un nouvel imaginaire du vivant. La formule est pour ainsi dire active en romantisme : ainsi, chez Hugo, est-elle la formule même qui parle au vivant et le met en branle (« Le cèdre »). Il s’agit donc ici de tracer les cadres de ce ré-emploi romantique. Est analysé l’investissement massif de la formule, autour de 1830, par la littérature saint-simonienne, au service d’une pensée de l’organique, du lien, du « corps social », et plus encore d’une pratique vivante de la réflexion sur le vivant. Son application à une pensée totalisante de l’histoire, de l’humanité et de la nature (« Dieu vivant » permettant de théologiser la pensée de la vie universelle, du vivant mû par le même moteur) ressort de l’oeuvre d’Edgar Quinet. Michelet apporte une vue du Dieu vivant, pièce maîtresse d’un système d’auto-création du sujet par lui-même, qui déplace peut-être la perspective du vivant à celle de la vitalité.
The biblical phrase « Dieu vivant » (living God) appears frequently in the context of French romanticism (for example in Hugo’s poetry). It aims to recycle theological representations into a new imaginary of living. This study puts in light the prominent use of the phrase by the saint-simoniens around 1830, and how it works in Quinet’s conception of history, man and nature, and in Michelet’s ideas of self-creation.

