ROMANTISME N°192 (2/2021)
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Cet article a pour objet la manière dont la communication orale, dans un grand roman de l’écrit, permet à des personnages de la marge de se négocier une nouvelle place dans l’espace social. Plus spécifiquement, nous examinerons les figures de Jacques Collin et de ses complices – des femmes dont les ressources discursives sont mises de l’avant, et qui, suivant les plans de Collin, se trouvent dans des situations où elles peuvent renverser les rapports de classe. C’est le cas, par exemple, lorsque le baron Nucingen est berné tout à tour par Esther, Europe et Asie. Notre hypothèse consiste à voir, dans le roman, un partage du pouvoir social entre la sphère orale et écrite du discours, qui se conclut, malgré la puissance de l’écriture dans le système social, par la victoire de Collin. Ainsi, les personnages usant stratégiquement de la communication orale auraient les moyens de bouleverser l’ordre social.
This paper focuses on the way in which oral communication, in a major novel dealing with the written word, can allow relatively marginal characters to carve out for themselves a new place within the social order. More specifically we will examine Jacques Collin and his accomplices — women whose discursive abilities are brought to the fore and who, following Collin’s plans, find themselves in situations where they can turn class relations upside down in their favour. This is the case for example when the baronet, Nucingen, is duped in turn by Esther, Europe, and Asie. We want to test the idea that the novel presents social power as shared between oral and written discourse and ends with Collin’s victory despite the weight of the written word in the social system. Thus, characters who use oral communication strategically may have the means to disrupt the social order.