
LITTÉRATURE Nº216 (4/2024)
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Dans Mon destin est d’être jaguar (traduction Émilie Audigier, 2022) l’écrivain brésilien contemporain Alberto Mussa procède à une restauration mythologique qui valorise le motif métaphysique du rituel d’anthropophagie, vu avec horreur par les Européens et pourtant essentiel à la société indigène du XVIe siècle. La vision que le livre s’emploie à restituer apparente le cannibalisme à la seule attitude capable de transformer le mal, inhérent à la nature, en bien. Cette indispensable transformation appartient à un système complexe de vengeance ayant pour objectif de maintenir vivante la société. Il est troublant de retrouver dans le livre de Mussa, au moment de le traduire en français, des échos de la réflexion sur la traduction des modernistes brésiliens Oswald de Andrade et Haroldo de Campos, qui appréhendaient les actes d’écrire et de traduire à travers la métaphore de la dévoration.
In Mon destin est d’être jaguar (translated from portuguese by Émilie Audigier, 2022), contemporary Brazilian writer Alberto Mussa undertakes a mythological restoration that valorizes the metaphysical motif of the anthropophagic ritual, regarded with horror by Europeans yet essential to 16th-century indigenous societies. The vision rendered by the book is that cannibalism is the only attitude capable of transforming the evil intrinsic to nature into good. This essential transformation is part of a complex system of revenge designed to keep society alive. Translating Mussa’s book into French revealed uncanny resonances with the reflections on translation by Brazilian modernists Oswald de Andrade and Haroldo de Campos, who understood the acts of writing and translating through the metaphor of devouring.

