
Revue d'histoire des sciences - Tome 60 (2/2007)
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Alexander Bain (1818-1903) fut l’un des premiers psychologues à souligner dès les années 1850 l’importance de la physiologie et à manifester son intérêt envers la localisation cérébrale des facultés. À partir de 1870, en Allemagne, Gustav Fritsch et Edward Hitzig avaient montré que certaines zones du cerveau contrôlaient certains mouvements, et en Grande-Bretagne, David Ferrier avait publié en 1876 les résultats de ses expériences qui constituaient un plaidoyer en faveur de la thèse des localisations cérébrales. Elles s’opposaient aux conclusions du physiologiste allemand Friedrich Goltz, qui considérait qu’il n’existait pas de centres spécialisés dans des mouvements volontaires particuliers. La polémique entre Goltz et Ferrier atteignit sa plus grande intensité au congrès international de médecine à Londres en 1881, et les thèses de Ferrier s’imposèrent dès les années 1890. La revue Mind, dont Bain fut le fondateur en 1876, sous sa plume et sous celle de son disciple George Croom Robertson, manifesta cependant toujours une hostilité résolue envers les thèses de Ferrier. Les localisations ne s’appliquaient selon Bain qu’aux phénomènes de l’esprit dans leur état élémentaire, tels qu’il les avait décrits dans ses ouvrages des années 1850. La physiologie n’avait strictement rien à dire sur la conscience. Bain prit ouvertement parti contre les thèses de Ferrier et soutint celles de Goltz car ces dernières correspondaient bien mieux aux thèses que lui-même avait exprimées dans The Emotions and the will : un rôle accordé au rapport entre pensée et fonctions sensorimotrices, mais dans une corrélation globale qui ne concernait que de grandes fonctions. Les résultats fournis par la physiologie demeuraient toujours soumis aux exigences de la psychologie.
Alexander Bain (1818-1903) was one of the first psychologists who stressed the importance of physiology for psychological studies and was interested in the cerebral localizations of faculties. In the 70s in Germany, Gustav Fritsch and Edward Hitzig had shown that some areas of the brain controlled specific movements, and in Great Britain David Ferrier had published in 1876 the results of his experiments, pleading in favour of the thesis of cerebral localizations. They ran against the conclusions of the German physiologist Friedrich Goltz, who considered that there were no centres specialized in specific voluntary movements. The confrontation between Ferrier and Goltz reached its climax at the London international medical congress in 1881, and Ferrier’s theories prevailed in the 90s. Bain and his disciple George Croom Robertson, in the review Mind founded by Bain in 1876, always ran counter to Ferrier’s theories. According to them, cerebral localizations applied to mental phenomena only in the elementary states which Bain had described in The Emotions and the will, that is postulating a relationship between thought and sensory-motor functions, but as part of a more general correlation which concerned only fundamental functions. The results furnished by physiology were always submitted to the requisites of psychology.