Langue française n° 161 (1/2009)
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La linguistique contemporaine reconnaît l’existence d’une classe d’adverbes d’énonciation, qui « portent sur l’acte d’énonciation de la phrase plutôt que sur son contenu » (Nølke 1993, 27). Mais cette classe ne se laisse pas facilement délimiter, faute d’une définition précise de l’acte d’énonciation lui-même. Sans entrer dans une analyse par trop détaillée, on peut admettre que celui-ci comporte un certain nombre de composantes obligées. Il comporte nécessairement deux partenaires, dont l’un, le locuteur, est porteur d’un vouloir-dire, ou projet de sens, qu’il souhaite transmettre à l’autre, l’allocutaire. L’acte lui-même consiste, pour l’essentiel, en la mise en forme linguistique de ce vouloir-dire, lequel se trouve ainsi transmué en dire. Au résultat, l’acte d’énonciation se traduit par la production d’un dit, c’est-à-dire d’un contenu propositionnel ou textuel transmis à l’allocutaire.
The aim of this paper is to show that the adverbial phrase aussi bien , in its use as a connective or conjunct, is the result of a process of grammaticalization. It is indeed the grammaticalized form of the adjunct bien used in a comparative construction of equality. The process involves an intermediary stage which corresponds to the additive value of aussi bien . The connective itself is an enunciative tool which enables the speaker to legitimate the utterance which it introduces by means of the preceding one, the comparative construction indicating that both utterances are equally true to reality.