
Romantisme n° 146 (4/2009)
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On compte, communément, au nombre des poèmes en prose de Mallarmé, les treize textes de la première section des Divagations. Cette perspective ferait apparaître le poème en prose comme un genre désuet, destiné à être remplacé par le « poème critique ». Après avoir remis en question une telle évolution de genre, nous tentons de mettre en lumière, dans la poétique de Mallarmé, l’héritage de Baudelaire, sensible jusque dans ses derniers écrits. Reprenant le cadre de l’espace forain où la solitude de l’artiste s’accuse sur fond de multitude, il le transforme en une sphère fictive où il expose, devant les yeux de la foule, la Femme comme représentation de son idéal. Pour renouer la communication avec le public anonyme et aller ainsi au-delà du pessimisme baudelairien selon lequel le Laid ne comprend pas le Beau, le poète choisit d’« exagérer » la fictivité de sa prose.
It is now usual to consider the thirteen pieces of the first section of Divagations as all the prose poems of Mallarmé. This perspective would show the prose poem as an obsolete genre, to be replaced by the “critical poem”. This essay, after it has questioned such an evolution of genre, seeks to discover the poetics which are inherited from Baudelaire and governs also the later writings of Mallarmé. Taking up the critical setting of the fair place where the solitude of artist is accused by multitude, the poet transforms it into a fictitious realm where he exhibit, before the eyes of crowds, Woman representing his ideal. To recover communication with an indeterminate public and go well beyond the baudelairien pessimism maintaining Ugliness doesn’t comprehend Beauty, the poet exaggerates the fictivity of his prose.

