
Histoire, économie & société (1/2010)
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Cet article est basé sur la correspondance du résident suédois à Paris, Schering Rosenhane, qui permet de s’interroger sur les défis que la Fronde pose aux diplomates étrangers. Rosenhane arrive à Paris au printemps 1648, et doit expliquer dans ses lettres au gouvernement suédois et au chancelier Axel Oxenstierna la situation politique française. En dehors du difficile travail d’exposition d’événements complexes, il se trouve rapidement confronté à la difficulté de traduire en suédois la réalité politique française. Sa correspondance se trouve remplie de termes français, qu’il considère comme indispensable pour faire comprendre les causes et la signification de la Fronde. Cela ne signifie pas pour autant qu’il soit un observateur neutre. Il observe les événements comme un aristocrate suédois, ce qui l’amène à adopter et à soutenir les positions du Parlement. Il est tellement intéressé qu’il va jusqu’à appuyer sa cause en rédigeant une mazarinade en latin. Lorsque le cardinal Mazarin le découvre, il demande à la reine Christine de rappeler Rosenhane. Il conforte ainsi la reine dans sa conviction que les aristocrates suédois cherchent à affaiblir le pouvoir royal. La correspondance diplomatique sert de support à la diffusion en Europe d’un langage politique, mais révèle aussi la persistance des particularités régionales. Le séjour de Rosenhane à Paris montre également la manière dont les intérêts propres des diplomates, plutôt que ceux de leur prince ou de leur pays, peuvent influencer leur travail.
Rosenhane took up residence in Paris as Swedish resident in the spring of 1648; he was faced, his letters to the Swedish Crown and Chancellor Axel Oxenstierna, with the challenge of explaining French politics to this audience. Apart from the formidable task of recounting complex events, he quickly found that analysis of French politics required political language not easily translatable into Swedish. His correspondence consequently became filled with French terminology, which he viewed as crucial to representing the Fronde’s causes and meanings. This did not imply, however, that he was merely a neutral advisor; Swedish aristocratic understanding of politics colored his perception of the events, making him support and adopt the Parlement ’s understanding of the events as his own. So ardent, indeed, was his view that he supported its cause in print, producing a Latin Mazarinade. Cardinal Mazarin, discovering this, appealed to Queen Christina to recall Rosenhane, fostering the Queen’s opinion that Swedish aristocrats aimed to undermine royal power. Diplomatic correspondence thus served to spread pan-European political language while revealing persistent regional variations. Rosenhane’s actions in Paris suggest the manner in which diplomats’ own interests, rather than those of their monarchs or states, influenced their activities.

