
Romantisme n° 151 (1/2011)
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Le titre choisi par Huysmans pour le dernier récit publié de son vivant, Les Foules de Lourdes, est en décalage par rapport à l’oeuvre et s’avère comme une anomalie qui ne trouve sa résolution que dans une ultime et nécessaire évocation de Zola. Ce premier lien établi, une lecture comparative des Foules de Lourdes et de Lourdes montre que le texte de Huysmans a pour référence première celui de Zola à la fois dans la description de la ville mariale, dans la narration des multiples récits qui y pullulent et dans la réaction aux spectacles d’horreur auxquels elle confronte ses visiteurs. Cet ultime dialogue permet à Huysmans non seulement de liquider son ancienne « obsession » envers le maître décédé mais également et surtout de proposer un au-delà du naturalisme qui anticipe, plus que ne l’aura fait le naturalisme spiritualiste envisagé dans Là-bas, l’écriture du XXe siècle, dans un renversement total de la formule romanesque zolienne où l’individu était sacrifié à la foule.
The title chosen by Huysmans for the last narrative published in his lifetime, Les Foules de Lourdes, is inconsistent with the work, and turns out to be an abnormality which finds its resolution only in an ultimate and necessary evocation of Zola. This first link being established, a comparative reading of Les Foules de Lourdes and Lourdes shows that Huysmans’s text is primarily based on Zola’s in the description of Lourdes, in the narration of the multiple stories the city shelters and in the reaction to the horrors with which it confronts its visitors. This ultimate dialogue allows Huysmans not only to purge his former « obsession » with his deceased master but also and especially to propose a literature beyond naturalism. Here, more than in the spiritualist naturalism considered in Là-bas, twentieth century literature is anticipated in a total reversal of Zola’s narrative formula, where the individual was sacrificed to the crowd.

