Romantisme n° 152 (2/2011)
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Dans la tradition académique, l’allégorie est définie comme une sélection d’objets qui servent à représenter autre chose que ce qu’ils sont en effet. Or si une telle définition évoque d’abord d’ambitieuses compositions à clés, on peut aussi la rapporter à l’un des stratagèmes les plus fréquents de la caricature. Il en est ainsi lorsque, jouant sur des détails incongrus, le caricaturiste signale un sens caché tout en le rendant assez lisible pour que sa compréhension s’impose au spectateur. C’est ce processus qui est à l’oeuvre dans le motif étudié ici : l’altération de l’ombre portée d’un personnage comme moyen de révéler sa part obscure. Dans l’utilisation qu’ils en ont faite, Piercy Roberts, Jean-Jacques-Isidore Gérard, dit Grandville et Honoré Daumier témoignent de ce que l’ombre allégorique a souvent un contenu politique et satirique. Avec eux, l’artiste se transforme en montreur d’ombres qui révèle au spectateur la véritable nature, foncièrement mauvaise, des hommes de pouvoir dont l’apparence officielle n’est que tromperie et artifice.
In the academic tradition, allegory is defined as a choice of objects which are meant to represent one thing and yet simultaneously imply another. If such a definition primarily evokes ambitious and coded compositions, it is also related to one of the most frequent stratagems used in caricature. Inserting an unexpected detail thus allows the caricaturist to hint at a hidden yet easily comprehensible meaning. The process which is being explored in this essay is the alteration of a character’s cast shadow applied in such a way that its darker side may be revealed. Piercy Roberts, Jean-Jacques-Isidore Gérard, known as Grandville and Honoré Daumier are artists whose allegorical shadows convey a sense of political satire. By resorting to such as device, the caricaturist turns into a shadow puppeteer who exposes the true, fundamentally evil, nature of politicians whose official appearances are but a flimsy veil of lies and artificiality.