
Romantisme n° 154 (4/2011)
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La théorie de l’évolution initiée par Charles Darwin entretient une relation problématique à l’expression poétique : la poésie représente l’ensemble des métaphores rendues caduques mais la science lui adresse le défi d’une nouvelle représentation du monde. C’est moins chez Darwin que chez Haeckel que l’on trouve une pleine assomption de la part poétique et esthétique du discours savant, qui fécondera un large intertexte. Mais il n’y a pas de filiation évidente entre textes scientifiques et oeuvres littéraires ; les deux discours se développent parallèlement, comme deux manifestations d’unmême bouleversement imaginaire et culturel. Chez des poètes aussi différents que Sully Prudhomme et René Ghil, l’évolutionnisme pousse à repenser les relations entre science, philosophie et poésie, et impulse une recherche stylistique et générique. Ainsi, la poésie trouve dans les sciences du vivant un nouveau ferment, parce qu’elle y voit un discours sur l’homme.
The theory of evolution introduced by Charles Darwin has a problematic relationship with poetic expression : poetry represents the entirety of metaphors that have become irrelevant, but science challenges it with a novel representation of the world. Haeckel more than Darwin will consciously take on the poetic and aesthetic dimension of scientific discourse, a vein which will reveal itself very productive textually. But there are no obvious relations between scientific texts and literary works; the two discourses develop in parallel, as two manifestations of the same upheaval in culture and imagination. With poets as different as Sully Prudhomme and René Ghil, evolutionism leads to a rethinking of the relations between science, philosophy and poetry, and drives experimentation with style and genre. Thus, poetry finds in the life sciences a new source of fermentation, because it finds there a new way of looking at man.

