
Romantisme n° 156 (2/2012)
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De la littérature à la mystification il n’y a qu’un pas. D’une part, toute fiction est une simulation ; d’autre part, la fausseté sous toutes ses formes (ruses, hypocrisies, tromperies) fournit depuis des siècles la matière première des récits. Or, à partir de la fin du dix-huitième siècle, la mystification commencera à évoluer, pour jouer un rôle important dans ce qu’il convient d’appeler aujourd’hui l’esthétique moderne. En nous appuyant sur des exemples textuels, puisés surtout chez Diderot, Mérimée et Baudelaire, nous démontrerons la transition depuis l’illustration d’un artifice vers sa mise-en-scène (performance), où le lecteur se trouve à la place de la dupe. Par ailleurs, dans les textes modernes, on omet généralement la révélation qui permettrait un retour à la norme : la mystification moderne déstabilise la lecture, laissant le lecteur définitivement en suspens.
Mystification is just a step away from literature. On the one hand, any fiction is a form of simulation ; on the other, falsehood in all its forms (tricks, hypocrisies, scams) has been providing us for centuries with the building blocks of stories. However, starting in the eighteenth century, mystification will start to evolve, and begin playing an important role in what we are now agreed to designate as modern aesthetics. Through the use of mainly textual examples, taken mainly form Diderot, Mérimée and Baudelaire, we will show the transition from the illustration of a crafty design to its performance, where the reader takes the place of the stooge. Furthermore, in modern texts, the revelation, which would allow the situation to return to normal, is generally omitted : modern mystifications destabilise reading, and leave the reader indefinitely in a state of suspense.

