Le ministère de l’Éducation nationale encourage la « liaison école-collège » devenue « continuité pédagogique ». La création du « cycle de consolidation » et lamise en place des conseils école-collège, à la rentrée 2013, confirment cette préoccupation institutionnelle. Comment cette prescription se concrétise-t-elle dans les pratiques des enseignants ? Quelles ressources mobilisent-ils lorsqu’ils entendent travailler spécifiquement dans le sens de cette continuité ? L’étude répond à ces questions en articulant analyse de l’activité et didactique du français, à partir de l’exemple de l’activité des enseignants en classe de français, en séance de lecture, à partir de séances observées et filmées : sept en cycle 3 et cinq en Sixième. Un entretien, confrontant chaque enseignant au film de sa séance, a documenté ces données. Les traces écrites produites dans chaque classe ont été recueillies pour compléter ce corpus. D’une part, les données d’observation permettent de comparer les pratiques enseignantes à l’école et au collège en termes de choix didactiques : supports didactiques, textes d’étude, compétences visées. D’autre part, les entretiens affinent cette comparaison : part de l’oral et de l’écrit, statut énonciatif des élèves, fonctions de la trace écrite, modèles d’écriture mobilisés par les professeurs. Si les enseignants s’engagent volontiers dans des dispositifs institutionnellement recommandés, les pratiques s’avèrent différentes à l’école et au collège et interrogent la notion complexe de continuité.