Romantisme n° 177 (3/2017)
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La bibliothèque populaire de Versailles, fondée en 1864, est emblématique des enjeux que représente la lecture du peuple au temps de la libéralisation du Second Empire. Si l’initiative trouve des soutiens locaux et nationaux et s’inscrit dans un large mouvement d’éducation populaire, elle soulève également des réticences de la part de l’administration impériale, soucieuse de contrôler ce qu’elle considère comme un foyer potentiel d’opposition politique. La préfecture multiplie les enquêtes de police sur les membres fondateurs de l’institution, suspects de sympathies envers les mouvements socialistes, et ralentit la procédure d’autorisation. Elle contrôle également sévèrement les statuts comme l’offre de la bibliothèque : l’étude des deux premiers catalogues (1866) montre l’accent mis sur les lectures utiles et morales, sans rapport avec l’intérêt manifeste du public pour la littérature.
Versailles’ public library, founded in 1864, is representative of the issues at stake in the development of reading among the public during the liberalisation of the Second Empire. Although the initiative had local and national support and was part of a widespread movement in favour of public education, it also encountered resistance on the part of the Imperial administration, worried about controlling what it considered to be a potential source of political opposition. The préfecture requested multiple police investigations into the founding members of the institution, suspected of socialist sympathies, and slowed the authorisation procedures down. It also put the library’s statutes as well as its offerings under strict control: the first two catalogues (1866) show that moral and useful books are on offer, with no relationship to the public’s clear interest in literature.