Carrefours de l'éducation n°50 (2/2020)
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À travers quelques questions telles que la généralisation de scolarisations socialement indifférenciées, l’allongement de la scolarité obligatoire, le développement de la mixité scolaire, l’articulation entre secteur public et secteur privé et la gestion pédagogique de la diversité. Les lendemains de la guerre de 1914-1918 ont favorisé l’émergence de l’école unique, c’està- dire l’idée de rendre commune à tous les enfants une scolarité destinée à fonder l’unité nationale et à permettre l’accès universel aux connaissances indispensables à la vie sociale. Dans les premières années de l’après-guerre, l’Allemagne et la France font figure de postes avancés pour la réforme de l’école unique, mais c’est en Union Soviétique que la réforme de l’école unique fut engagée avec la plus grande vigueur, et elle devint, entre les deux guerres, un modèle pour un large courant réformateur en Europe occidentale. Par ailleurs, la question de l’école unique déborda peu à peu le cadre de la réforme institutionnelle pour poser la question pédagogique : si l’école unique était instituée, quelle sorte de méthode pédagogique devrait-elle employer ? Les systèmes éducatifs dans l’Europe de l’après-Seconde guerre mondiale connurent plusieurs changements structurels avec l’institution d’établissements scolaires du secondaire dépourvus de filières internes et de recrutement socialement déterminé de leur population scolaire. Mais aujourd’hui, quel que soit le modèle de système éducatif que l’on examine, des problèmes récurrents remettent en question les fondements d’une école unique pour tous. Comment gérer la diversité des élèves dans des pays marqués par les inégalités entre territoires ? Comment l’école peut-elle affronter les multiples différences entre les enfants ? Comment l’école peut-elle demeurer fondatrice du « vivre ensemble », dans les pays où elle reproduit massivement les inégalités sociales ? Cette esquisse a finalement l’ambition d’avoir contribué à montrer que l’histoire de la démocratisation de l’enseignement, en tant que projet et en tant que réalisation toujours inachevée, est bien constituée au xxe siècle à l’échelle européenne, mais elle reste largement à écrire.
This through such issues as the generalisation of socially undifferentiated educations, the lengthening of compulsory schooling, the development of co-education, the relationship between private and public and the pedagogical management of diversity. The aftermath of World War I promoted the development of comprehensive schooling, that is the idea of offering all children an education capable of promoting national unity and the different types of knowledge necessary for an active social life. In the first years after the war, Germany and France were at the frontline of school reform in the direction of comprehensiveness, but it is in the Soviet Union that such reforms took on their most vigorous forms and became a model for progressive movements in education in Western Europe. Furthermore, the issue of comprehensiveness spread from institutional reform to pedagogical reflexion: if comprehensive schools were instituted, what kind of pedagogical methods should they use ? The educational systems of post-World War II Europe went through several structural changes, with the establishment of secondary schools imposing no internal streaming and whose pupil recruitment was socially undifferentiated. But today, whatever educational model is studied, recurring problems put into question the idea of a comprehensive system. How can the difference between pupils be managed in countries characterised by regional inequalities? How can schools deal with the multiple types of differences between children? How can school continue to be seen as instituting “community” in countries where it massively contributes to reproducing social inequalities? This outline aims at having contributed to showing that the history of the democratisation of education, as a project and as a work-inprogress, has indeed been established in 20th century Europe, but is in the main unfinished.