Carrefours de l'éducation n°50 (2/2020)
Pour acheter ce numéro, contactez-nous
Recevez les numéros de l'année en cours et accédez à l'intégralité des articles en ligne.
L’article s’efforcera de montrer en quoi, dans nos sociétés hypermodernes, les rituels peuvent constituer des modalités d’accompagnement des différents passages que vivent les sujets humains en général et les adolescent·e·s. en particulier et des angoisses archaïques que ces passages sont susceptibles de réactiver, angoisses qui constituent la « part vulnérable » de chacun·e de nous. Nous définirons cette « part vulnérable » de chacun·e comme le sentiment que nous avons de ne pas toujours être porté·e·s (au sens de Winnicott) comme nous en aurions besoin, en considérant que la façon que nous avons de l’accueillir se construit dans les premiers liens du nourrisson aux adultes qui prennent soin de lui, et qu’elle est ensuite remise à l’épreuve lors des moments de transition et de passage, et notamment de passage à l’âge adulte. Étudier la façon dont les sociétés dites « traditionnelles » ritualisent ces passages nous aide à comprendre la façon dont nous pourrions le faire aujourd’hui. Pour cela, nous partirons d’un constat : la façon dont l’hypermodernité, notamment par ses effets de désaffiliation et d’autoréification met à l’épreuve cette vulnérabilité, et la nécessité pour chacun·e d’apprendre à mieux accueillir sa propre part de vulnérabilité pour mieux accompagner celle d’autrui. Nous travaillerons pour cela à partir de la dynamique d’un entretien « raté » avec un adolescent et de différentes vignettes issues à la fois de la littérature et de récits ou de vécus d’étudiant·e·s du parcours de master dont l’auteure est responsable. Éclairés par une double lecture théorique, à l’articulation de l’anthropologie et de l’approche clinique d’orientation psychanalytique, ce matériel permettra de montrer la pertinence et l’importance de la phase de marge pour accompagner chacune dans l’effectuation du passage, au carrefour de l’individuel et du collectif : obligation collective de l’effectuer, possibilité individuelle de le faire à sa façon et donc de se sentir accueilli ·e dans le nouveau groupe. Cette théorisation peut alors nous aider à penser les changements de statuts professionnels et les attaques institutionnelles et, par conséquent, la vulnérabilisation provoquée par l’hypermodernité.
This paper will concentrate on showing how in our hypermodern societies rituals can establish modalities to accompany the different transitions lived by human subjects in general and adolescents in particular, and the different archaic anxieties these transitions can reactivate, anxieties which constitute the “vulnerable part” of each of us. We will define this “vulnerable part” as the feeling that we have of not always being supported (in Winnicott’s sense) as we might need to be, taking into account that the way in which we welcome support is constructed through the first links between the new-born and the adults caring for him/her, and that it is tested again during moments of transition and passage, particular in the passage to adulthood. Studying the ways in which so called traditional societies ritualise such passages can help us understand how we might do this today. We will start with an observation: the way in which hypermodernity, amongst other things through its disaffiliation and auto reification effects, constantly puts this vulnerability under stress, and the need for each of us to better welcome our vulnerability in order to support others in their vulnerability. We will work form the dynamic of a “failed” interview with a teenager and different case studies form literature or the real-life stories of students in the master’s program the author is responsible for. Using a double theoretical approach, at the juncture between anthropology and clinical approaches based in psychoanalysis, this corpus will enable us to show the pertinence and the importance of a phase of marginality to accompany each and every one in effecting his or her passage, at the cross-roads between individual and collective: there is a collective obligation to effect it, but also an individual possibility of doing so in one’s own way and therefore of feeling admitted into the new group. This theorisation can help us think about changes in professional status and about institutional attacks and therefore about the vulnerabilisation brought about by hypermodernity.