Annales de géographie n° 708 (2/2016)
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Le concept de bilan thermique d’un lac, créé au XIXe siècle, a connu l’une des évolutions sémantiques les plus disparates de l’histoire de la limnologie. À travers de multiples significations dérivées, il est possible de déceler une propension récente à lui donner le sens de somme algébrique des flux énergétiques à l’interface entre l’eau et l’air. Ainsi, par un renversement de paradigme épistémologique, le bilan thermique n’est plus un but, mais un moyen, et la limnologie est dépossédée de son estimation, au profit de la climatologie. On discute ici l’intérêt d’un retour au sens initial de différence entre le nombre maximal et minimal de calories contenues dans le plan d’eau, favorisant une démarche géographique intégratrice et hydrosystémique. On propose aussi : (i) d’appliquer ce concept créé pour les lacs aux étangs, qui se distinguent par leur petite taille, leur stratification éphémère et leur capacité à déverser la totalité du volume calorifique dans le réseau hydrographique lors des vidanges ; (ii) d’étudier les variations calorifiques à toutes les échelles de temps, y compris instantanées ; (iii) de travailler à l’avenir à partir de plusieurs profils thermiques. Les premiers résultats, concernant quelques étangs limousins, montrent le bien-fondé du retour épistémologique. En effet, les fortes valeurs de fin d’été proviennent des rythmes de brassage par convection forcée, donc du fonctionnement limnologique, et non des flux énergétiques d’origine climatique.
The concept of heat budget of a lake, developed in the XIXth Century, has undergone some of the most contrasting semantic changes in the history of limnology. Numerous derived meanings reveal a current understanding rather based on the algebraic sum of the energy flows at the air and water interface. This paradigm shift in epistemology leads to consider heat budget as a means, not as an end, and to take the parameter away from limnology for the benefit of climatology. The advantages of a potential return to the original sense (difference between maximum and minimum calorific contents in the water body) are discussed, to promote a geographical, integrative hydrologic systems approach. The Authors propose : (i) to apply this concept, originally created for lakes, to ponds with a smaller size, a temporary stratification and an ability to discharge the whole thermal content in the hydrographic network during emptying ; (ii) to study the heat budget variations at all time scales including instantaneous ones ; (iii) to work in the future with several thermal profiles. Our first results concerning ponds in the Limousin region show the merit of the return to the epistemological bases. Indeed, high values at the end of the summer come from the rhythms of water layer mixing by forced convection, that is from limnological processes and not directly from atmospheric energy flows.