Annales de géographie n° 709-710 (3-4/2016)
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Les fictions littéraires participent à l’invention du boulevard Saint-Laurent – la Main – comme « haut lieu » (Debarbieux, 1995) montréalais dans l’imaginaire urbain et à sa désignation au patrimoine national. La littérature en brosse un portrait vivant, sensuel, avec une attention forte au paysage, tant visuel que sonore, voire olfactif. Cosmopolitisme et nostalgie en sont les principales entrées, venant ainsi perpétuer le mythe de la Main, lieu d’arrivée et d’installation des communautés immigrées durant le XXe siècle. En créant une image forte dans la mémoire collective, la littérature vient également révéler le rapport entretenu par les habitants au boulevard Saint-Laurent. En dépit du déclin actuel des différentes communautés immigrantes le long du boulevard, les récits actuels réinvestissent les anciennes narrations, véritables géographies imaginaires et imaginées de la ville pour aboutir à une réinvention tant du boulevard que du cosmopolitisme qui lui est attaché. Dans cette réinvention, l’imaginaire littéraire du boulevard dans le centre-ville (dans l’ancien Red Light) est mobilisé contre le projet urbain de Quartier des spectacles, comme registre de légitimation.
Literary fiction is contributing to the conception of the Saint-Laurent Boulevard – The Main – as a symbolic place in the urban imagination of Montreal and as a national heritage. Literature describes the street in a lively and sensual portrait paying a lot of attention to the townscape, the sounds and the scents. Cosmopolitanism and nostalgia are recurring themes in works of fiction : they are continuing the myth of The Main, as the place where immigrants first settled the literature also reveals the links between inhabitants and the street. Despite the departure of many immigrant communities elsewhere in the city, contemporary narratives plough back into the old ones. They tend to reinvent the street, its representation and cosmopolitanism. For example, in the old Red Light District, literature is mobilized against the Quartier des Spectacles urban project, as a form of recognition of its legitimacy.