Annales historiques de la Révolution française n° 356 (2/2009)
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En étudiant les textes des « publicistes » des deux dernières décennies de la fin du XVIIIe siècle sur le « système politique » de l’Europe, on est frappé de constater à quel point le premier partage de la Pologne de 1772 leur apparaît comme le point de départ d’une remise en cause de la politique continentale avant 1789. Pendant la Révolution française, « patriotes » et contre-révolutionnaires ne ces- sent d’y faire référence pour défendre l’idée qu’une page des relations entre les États a été tournée en 1772. Cette conviction s’est-elle forgée a posteriori ou les contemporains de la première partition l’ont-ils pensée d’emblée comme une rupture fondamentale de l’ordre européen existant ? Le partage de la Pologne apparaît à un courant d’opinion au sein des Lumières, et au-delà pendant la Révolution française, non comme un fait anodin dans une Europe hobbesienne dominée par les intérêts égoïstes des puissances, mais comme un crime contre les droits des nations, ouvrant une nouvelle ère des relations entre les peuples.
Studying the texts of the « publicists » of the two last decades of the eighteenth century about the « système politique » of Europe, one is struck by the extent to which the First Partition of Poland in 1772 appeared to them as the point of departure for re-evaluating continental politics before 1789. During the French Revolution, « patriotes » and « counterrevolutionaries » did not cease to allude to it in defense of the idea that a page had turned in State relations in 1772. Was this conviction developed afterwards or did contemporaries of the First Partition already believe that it constituted a fundamental rupture in the existing European order ? The Partition of Poland generated a wave of opinion within the Enlightenment, and later during the French Revolution, not as a innocent occurance in a Hobbesian Europe dominated by egotistical interests of the powers, but as a crime against the law of nations, opening a new era in the relations between peoples.