Basé sur la correspondance de deux femmes de la noblesse de robe entre 1779 et 1788, cet article illustre l’agentivité féminine dans la production et la circulation de savoirs scientifiques. Elle se fait ici à double sens, entre la capitale et la province : dans un premier temps, la Parisienne, aux premières loges du mouvement magnétique, transmet toutes les nouvelles dont elle est informée à la Toulousaine avide de savoir ; dans un second temps, cette dernière rapporte ses propres expériences de magnétiseuse. L’article met en avant les positions contradictoires des deux épistolières : l’une est sceptique vis-à-vis du magnétisme, l’autre est convaincue au point de s’y investir elle-même avec deux de ses fils, membres comme elle du cercle mac¸onnique illuministe des Élus coëns. Tous trois soignent selon la technique de Mesmer, mais pratiquent aussi des cures par somnambulisme artificiel. Ils accueilleront successivement Maxime de Puységur puis Mesmer.