ANNALES HISTORIQUES DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE Nº414 (4/2023)
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Le séjour de Joseph de Villèle (1773-1854) aux Mascareignes (1791- 1807) a peu retenu l’attention des historiens de la Restauration, malgré son rôle central dans la formation politique de ce chef de gouvernement ultraroyaliste (1821-1828). Arrivé en tant qu’élève officier de marine à l’île de France (Maurice), Villèle quitte le service en décembre 1793. Il s’intègre à l’élite coloniale de La Réunion grâce à son mariage et ses convictions royalistes, ce qui conduit à son élection comme député à l’assemblée coloniale en 1799. Depuis 1796, les Mascareignes résistent à l’abolition de l’esclavage tout en demeurant dans la République. Cependant, entre 1799 et 1801, les royalistes de La Réunion se divisent autour d’un projet d’indépendance, dans un contexte d’incertitude au début du Consulat, de crise économique, de pression britannique et d’ingérence américaine. Villèle s’oppose à l’option indépendantiste, présentée comme une solution temporaire en attendant une restauration monarchique qui garantirait la pérennité de l’ordre colonial esclavagiste. Cet article, basé sur des sources inédites, explore comment cette crise a marqué l’avènement de Villèle comme figure politique dans le cadre d’un basculement vers un régime autoritaire contrôlé par une oligarchie familiale.
The residence of Joseph de Villèle (1773-1854) in the Mascarene Islands (1791-1807) has received little attention from historians of the Restoration despite the central role this experience played in the political development of the ultraroyalist head of government (1821-1828). Arriving as a naval cadet on the Île de France (Mauritius), Villèle left the service in December 1793. By his</em></p>marriage and his political convictions, he became part of the colonial elite of Reunion, which led to his election in 1799 as deputy to the colonial assembly. Since 1796, the Mascarene Islands had resisted the abolition of slavery, even though they remained part of the Republic. Between 1799 and 1801, however, the royalists of Reunion divided over a project for independence, this amid the uncertainty at the outset of the Consulate, economic crisis, British pressure, and American interference. Villèle, himself, opposed such independence, a solution presented as only temporary while awaiting a monarchical restoration that would ensure the permanence of the colonial slave order. This article, based on unpublished sources, explores how this crisis marked the advent of Villèle as a political figure in a shift towards authoritarian rule controlled by a family oligarchy.