La résistance quasi unanime des évêques français aux ordonnances du 16 juin 1828 demeure l’une des manifestations les plus remarquables de la permanence d’un concert épiscopal indépendant au sein d’un système concordataire déniant pourtant toute existence légale à l’Église nationale : autant qu’une opposition à la politique gouvernementale, elle est l’affirmation d’une réalité collégiale. Derrière la fermeté des principes, l’analyse de la correspondance échangée entre les prélats et le centre parisien qui coordonne leur action dévoile cependant un fonctionnement plutôt incertain, une culture de l’unanimité qui favorise paradoxalement la multiplication des positionnements individuels, sous une direction qui peine à assurer complètement son rôle. Elle révèle aussi une stratégie complexe, associant posture intransigeante et recherche d’une solution négociée. Aussi les consignes pontificales de soumission disloquent-elles un front épiscopal déjà parcouru de multiples fractures mais toujours en quête de sa problématique unité.