Revue d'histoire des sciences (1/2016)
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Le centenaire de la naissance de Marcellin Berthelot a été célébré avec une extravagance qui reflète l’importance et la multiplicité des intérêts en jeu. Pour Jean Gérard, qui orchestra de main de maître l’événement en qualité de secrétaire général de la Société de chimie industrielle française et de l’Union internationale de chimie pure et appliquée, l’enjeu n’était pas seulement d’honorer un grand chimiste. Le but était aussi d’établir une Maison de la Chimie qui offrirait des services, notamment de do-cumentation, aux chimistes d’où qu’ils soient, et ce faisant, de promouvoir Paris au rang de place centrale au niveau international pour la discipline. L’exécution méticuleuse du plan élaboré par Gérard devait faire de cette célébration un événement de haut niveau, au très fort caractère international. Les pays d’Amérique latine et les États européens qui venaient d’obtenir leur indépendance dans le sillage de la première guerre mondiale se montrèrent particulièrement enclins à participer, tandis que les États-Unis et la Grande-Bretagne le furent beaucoup moins. Malgré les différents niveaux d’enthousiasme, la pose de la première pierre de la Maison de la Chimie fut un point d’orgue de ce programme du centenaire; toutefois ce ne fut pas avant 1934 que les locaux définitifs furent finalement inaugurés, rue Saint-Dominique. Au cours de l’élaboration du projet, comme lors de la célébration elle-même, la réémergence de l’Allemagne comme puissance majeure en chimie, après l’exclusion qu’elle avait subie, pesa lourdement. Un niveau relativement modeste de la participation allemande au centenaire et le retard de l’admission de l’Allemagne à l’IUPAC (en 1930 seulement) témoignent de la difficulté du processus de réintégration.
The centenary of the birth of Marcellin Berthelot was celebrated in 1927 with an extravagance that reflected the importance and multiplicity of the interests at work. For Jean Gérard, who master-minded the event in his capacity as general secretary of the International Union of Pure and Applied Chemistry and the French Société de chimie industrielle, the goal was not simply to honour a great chemist. It was also to establish a Maison de la Chimie that would offer services, notably in documentation, to chemists everywhere and, in doing so, promote Paris as a leading world-centre for the discipline. It was essential to Gérard’s meticulously executed plan that the celebration should be a high-profile event with a strongly international character. Latin American countries and European states that had achieved independence in the wake of the First World War were especially supportive, the USA and Britain rather less so. Despite these diverse levels of enthusiasm, the laying of a foundation stone for the Maison de la Chimie was a highlight of the centenary programme, although it was not until 1934 that permanent premises were finally inaugurated in the rue Saint-Dominique. In the planning, as in the celebration itself, Germany’s re-emergence as a major force in chemistry, after the country’s post-war exclusion from international science, weighed heavily. A relatively modest level of German participation in the centenary and the delay (until 1930) in Germany’s admission to IUPAC convey the difficulty of the process of reintegration.