REVUE D'HISTOIRE DES SCIENCES (1/2023)
Pour acheter ce numéro, contactez-nous
Recevez les numéros de l'année en cours et accédez à l'intégralité des articles en ligne.
Cet article revient sur l’opposition traditionnelle entre une arithmétique sur abaque et une autre sur papier. En effet, les auteurs montrent qu’au XVe siècle, on assiste plutôt à une volonté de synthèse, témoignant davantage d’un souci d’intégration des héritages que d’une séparation stricte. Le modèle des algorismes, développé au début du XIIIe siècle, triomphe mais ne s’impose pas dans toutes les cultures de calcul. L’ouvrage de Jean Adam, analysé ici, est à cet égard particulièrement important. Ponctué de conseils pratiques destinés aux gens de comptes, son traité aborde les fractions et une règle de proportionnalité, la règle de trois, qui le conduisent doucement vers le calcul sur papier. En 1475, Jean Adam est un homme proche du pouvoir. Il dédicace son oeuvre à Nicole Thilhart. Le contexte est marqué par une pratique politique autoritaire de Louis XI et une volonté de structuration de l’appareil d’État qui s’inscrit dans la longue durée. Comme Nicolas Chuquet, Jean Adam appartient à un courant d’hommes marqués par l’influence mathématique de Barthélemy de Romans. Comme l’algoriste lyonnais, Jean Adam décide de vivre de ses connaissances mathématiques et il semble que sa culture mathématique ne soit pas étrangère à son ascension sociale.
This article discusses the traditional opposition betweenarithmetic on abacus and arithmetic on paper. The authors show that in the 15th century there was a desire for synthesis, reflecting more a desireto integrate legacies than a strict separation. The algorism model, devel-oped in the beginning of the 13th century, triumphs but does not imposeitself in all cultures of calculation.The work of Jean Adam which is analysed here is particularly interestingfor these cultures of calculation. Punctuated with practical advice for ac-countants, his treatise deals with fractions and a few rules of proportio-nality, notably the rule of three, which gently leads him to calculationson paper.In 1475, Jean Adam dedicated his work to Nicole Thilhart, a closeassociate of the royal power. The political context is marked by Louis XI’sauthoritarian political practice and a desire to structure the state appara-tus over the long term. Like Nicolas Chuquet, Jean Adam belongs to agroup of men marked by the mathematical influence of Barthélemyde Romans. Like the algorist from Lyon, Jean Adam decided to live fromhis mathematical knowledge and it seems that his mathematical culturewas not foreign to his social ascension.