REVUE D'HISTOIRE DES SCIENCES (1/2024)
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La première question qui se pose avec la mesure de la Terre par le grec Ératosthène, au iiie s. av. J.-C, est la longueur du stade qu’il utilisait. En s’appuyant sur des travaux généralement méconnus, l’auteur montre que la longueur de 158 m proposée dès 1802 par Girard, membre de l’expédition française en Égypte, et confirmée en 1972 par l’analyse de la Géographie de Strabon menée par le russe Firsov, doit être préférée à toutes les autres valeurs, et notamment celle de 185 m suggérée par Martin en 1854. Avec un stade de 158 m, les 252 000 stades obtenus par Ératosthène pour la circonférence de la Terre se trouvent à moins de 0,5 % de la réalité connue aujourd’hui. Cette exactitude remarquable, qui a donné lieu à une littérature abondante, a fait croire à une précision du même ordre. Mais l’exactitude n’est pas la précision. Les quatre approximations grossières qu’Ératosthène a été obligé d’effectuer, du fait des moyens techniques rudimentaires alors à sa disposition et de la méthode appliquée – deux approximations sur les distances et deux sur les angles – se sont presque parfaitement compensées deux à deux. Dès lors, l’auteur montre que la précision (ou plutôt l’imprécision !) de la mesure d’Ératosthène était, au contraire, de l’ordre de 20 à 25 %.
The first question that arises with the measurement of the Earth’s circumference by the Greek Eratosthenes (3rd c. BC), is the length of the stade he used. Based on little known works, the author shows that the 158 m proposed in 1802 by Girard, a member of the French expedition to Egypt, and confirmed in 1972 by the analysis of Strabo’s Geography conducted by the Russian Firsov, should be preferred over all other values, and particularly, the 185 m suggested by Martin in 1854. With a stade of 158 m, the 252,000 stades of Eratosthenes’ measurement are less than 0,5% from today’s known value. This remarkable accuracy, which has given rise to abundant literature, has led to belief in a precision of the same order. But accuracy is not precision. The four rough approximations that Eratosthenes was obliged to perform, given the rudimentary technical means then at his disposal and the method applied – two on distances and two on angles – almost compensated one another perfectly. Consequently, the author shows that the precision (or rather the imprecision!) of Eratosthenes’ measurement was, on the contrary, rather of 20 to 25%.