REVUE D'HISTOIRE DES SCIENCES (1/2024)
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Partant de la façon dont Claude Bernard a initialement intégré la théorie cellulaire au programme de la physiologie générale, cet article examine la doctrine des éléments histologiques exposée dans les Leçons sur les phénomènes de la vie communs aux animaux et aux végétaux (1878). Il retrace les variantes qui marquent la distinction entre ce qui relève des processus vitaux élémentaires et ce qui est présumé dépendre de lois morphologiques. Bernard semble suggérer que la structure organique du protoplasme cellulaire possède une organisation à ce point complexe que la formation et les transformations ne peuvent en être ramenées à de simples effets des mécanismes « organotrophiques » de la cellule. Cette limitation constitue-t-elle une frontière que la physiologie expérimentale ne saurait franchir ou une difficulté épistémique que l’évolution des méthodes permettrait éventuellement de surmonter ? Bernard tente en définitive de cerner le type de relation obligée qu’il convient de postuler entre les lois « contemplatives » de la construction des organismes et celles « explicatives » des processus de la vie cellulaire. Bien que ces lois répondent à des critères épistémologiques différents, ne doivent-elles pas cohabiter au sein d’une même théorie ?
Starting from Claude Bernard’s initial integration of the cell theory within his program for general physiology, this article examines the doctrine of histological elements as presented in the Leçons sur les phénomènes de la vie communs aux animaux et aux végétaux (1878). It traces back the variants that characterize the distinction between what pertains to the elementary vital processes and what is presumed to depend on morphological laws. Bernard would suggest that the protoplasm’s organic structure possesses such a complex organization that its formation and transformations are not reducible to mere effects of the cell’s “organotrophic” mechanisms. Does this point to a borderline that experimental physiology cannot cross, or to an epistemic shortcoming that evolving methods might eventually overcome? Finally, Bernard tries to assess the type of necessary relation that ought to be allowed between the “contemplative” laws of organism building and the “explicative” ones of cell life. Although these laws meet different epistemic criteria, should they not belong with the same theory ?