Revue de l'histoire des religions (3/2023)
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La dénomination « néo-christianisme » connut dans la France des années 1890 un vrai succès « médiatique », de courte durée (1890‑1894) certes, mais de forte intensité. Les néo-chrétiens voyaient dans l’Évangile, interprété indépendamment des dogmes, le moyen de donner sens à une morale du dévouement susceptible d’accompagner l’affirmation de la démocratie, en encadrant l’essor de l’individualisme et du matérialisme. S’il fut une réponse à une conjoncture, celle du recul de l’empire du positivisme, s’il fut une manifestation d’interrogations protéiformes à l’heure de la laïcité triomphante, il mérite aussi d’être analysé comme une variante du sentiment religieux du xixe siècle : il a été peut-être son ultime quête d’un magistère spirituel qui cherchait, dans un sentiment religieux renouvelé, les moyens d’une réponse à la « question sociale ».
The term “neo-Christianity” was a real “media” success in France in the 1890s, albeit short-lived (1890‑1894), but of great intensity. The neo-Christians saw in the Gospel, interpreted independently of dogma, a way to give meaning to a morality of devotion likely to accompany the affirmation of democracy, by framing the rise of individualism and materialism. Whether it was a response to a particular situation, that of the retreat of the empire of positivism, or whether it was a manifestation of protean questions in a time of triumphant secularism, it also deserves to be analysed as a variant of 19th-century religious sentiment : it was, perhaps, its ultimate quest for a spiritual magisterium that sought, in a renewed religious sentiment, the means of an answer to the “social question”.