Langue française n° 180 (4/2013)
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Dans cette étude, on montre que les émotimots et émotiphrases (interjections, expressions et phrases figées à caractère interjectif), loin de constituer de simples réactions émotionnelles à des stimuli situationnels, constituent de véritables opérateurs interactifs qui permettent de distribuer des processus cognitifs différenciés entre les participants à la conversation, y compris au locuteur lui-même : les émotimots participent d’un traitement actif de l’émotion en tant que perturbation interactive. On présente un ensemble de cas s’échelonnant du réflexe conditionné à l’improvisation théâtralisée en passant par la régulation semi-automatique des rapports interpersonnels, on étudie la variété des processus formels qui illustrent cette échelle et on contextualise les spécificités des interjections françaises dans un cadre contrastif.
In this paper, it is shown émotimots (“emotiwords” and “emotiphrases”) and émotiphrases (“emoticlauses”) (interjection, idioms and set phrases with an interjective undertone) are far from functioning as mere verbal responses in reaction to emotional stimuli. They are described as genuine interactive operators which distribute differentiated cognitive processes among the participants in the conversation, including the speaker herself, reflexively: emotiwords play a key role in the active processing of emotional events as disturbances of the verbal interplay. A series of cases is presented, ranging from verbal reflexes through semi-automatic interpersonal regulation to theatrical-like improvisation, in relation a the scale of formal fluctuations; and the language-specific values of interjection are set against a contrastive background.