
Romantisme n° 146 (4/2009)
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De Desgrouais et ses Gasconismes corrigés (1768) aux ouvrages publiés autour de 1830, puis des Omnibus de langage aux autres Langage vicieux corrigé des années 1845-1850, la définition et l’application d’une norme linguistique du français langue d’état sont dictées avant tout par des considérations politiques et socio-culturelles. Ces dernières procèdent de l’évolution historique, certes, mais ne se présentent jamais que comme les reflets d’un univers post-classique toujours travaillé par la spéculation primitive de la langue, dans le droit fil d’un académisme puriste converti aux lumières du XVIIIe siècle en une quête du purisme originel. Derrière les dévoiements stigmatisés, la « Stabilité » idéale et souhaitée d’un système s’affirme et se perpétue dans l’inconscience de chaque locuteur. D’où l’affleurement permanent d’un sentiment épilinguistique qui fait réagir à la norme et au code de loi chaque sujet parlant et écrivant, et qui induit souvent des subtilités byzantines faisant plus appel à l’expérience des realia qu’aux principes du code.
From Desgrouais onward (Gasconismes corrigés, 1768) to the works published around the 1830 revolution, then from the Omnibus de langage to the other Langage vicieux corrigé that have come to birth between 1845 and 1850, political and cultural implications have to be taken into account in view of normalizing and standardizing the French language. Those political and cultural implications dig their roots in the ground of the post-classical ideas upon language : research of the primitive state of the human language that gives access to a kind of original purity of speech, and submissiveness to the rules and principles of the Académie française. French grammarians, grammatists, lexicographers and essayists do not deserve, therefore, any credit when they stigmatize the linguistic deviancies of non taught French speakers who, however, tend to constantly struggle against their fear of errors and verbal sins that condemn them to the social disdain of the upper classes. This complex of external and internal constraints leads to the rise of an epilinguistic feeling of the linguistic usage that grammarians, grammatists, as well as lexicographers and essayists have soon and quickly transformed into a totalitarian policy of the idiom. From this time, shame upon who misuse the French language !

