
Romantisme n° 151 (1/2011)
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Les études sur les théories relatives au crédit au XIXe ont accordé une importance majeure aux économistes britanniques. À l’exception de la doctrine saint-simonienne qui exerça une forte influence dans la mise en place du système bancaire sous le second Empire, la plupart des autres pensées ont été éclipsées. Pourtant, la question du crédit a été âprement débattue en France. Que ce soit au sujet de la légitimité de l’intérêt, de la valeur des taux, du problème de la dette publique ou encore des moyens de stimuler un secteur ou une activité économique, de nombreux auteurs ont exposé des conceptions ou des projets originaux sur le crédit, son rôle et les moyens de l’organiser. Les débats sur ces questions semblent avoir atteint leur paroxysme sous la seconde République en raison de la crise économique et politique que traversa alors le pays. Auparavant, la question du crédit public avait dominé les débats politiques, tandis que la question de la légitimité de l’intérêt continuait de tourmenter les moralistes. À partir du second empire, le développement d’institutions modernes de crédit aux particuliers offre une nouvelle donne. La diminution des taux d’intérêts estompe les querelles sur sa légitimité. Toutefois, l’importance prise par les grandes banques capitalistes inquiète les théoriciens soucieux des questions sociales. Malgré l’échec de la Banque du Peuple de Proudhon, de nombreux théoriciens persistent dans la volonté de créer un organe de crédit des travailleurs. Il en résulta des formes de coopérations bancaires et de crédit mutuel, fruits de plusieurs décennies de théorisation et de maturation.
Theoretical studies of credit in the 19th century focused mainly on British economists. Except for Saint-Simon’s doctrine – which had a strong influence on the development of the banking system during the Second Empire – most others doctrines were ignored. The credit question, however, was bitterly debated in France. Concerned about the legitimacy of interest rates, their level, the issue of public debt or ways to stimulate an economic sector or activity, many writers proposed original concepts and projects concerning credit, its role and its organization. Debates on these issues reached their climax under the Second Republic because of the economic and political crisis that shook the country. Before, political debates focused on the question of public credit while moralists were preoccupied with the legitimacy of interest rates. After the Second Empire, the development of modern private credit institutions changed the debate. Declining interest rates lessened debates about the legitimacy of interests. Nonetheless, the increasing importance of large capitalist banks worried theoreticians concerned with social questions. Despite the failure of Proudhon’s Bank of the People, many theorists persevered in their goal to create a workers’ credit organization. New systems of cooperative banks and credit unions emerged from several decades of theoretical development and maturation.

