Romantisme n° 155 (1/2012)
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Bien que le paratexte du livre clandestin repose généralement sur un principe de mystification (en dissimulant notamment l’identité de l’auteur et de l’éditeur), s’y déploie souvent un espace sémiotique dont l’analyse est susceptible de renouveler l’interprétation du texte, voire du contexte de parution de l’ouvrage. À partir d’une lecture paratextuelle de plusieurs éditions illicites publiées par Poulet-Malassis et illustrées par Félicien Rops dans les années 1860 (en particulier L’Art priapique, Les Épaves de Baudelaire et Le Parnasse satyrique du XIXe siècle), on se propose d’examiner quelques fonctions de la littérature clandestine par rapport à la constitution du champ littéraire sous le second Empire : d’abord sa fonction parodique, ensuite sa fonction de complément aux oeuvres d’auteurs, enfin sa fonction de reconfiguration de ce même champ. Loin de constituer un phénomène marginal de l’histoire littéraire, la (para)textualité clandestine apparaît, en effet, comme un laboratoire poétique fréquenté par nombre d’auteurs (Gautier, Baudelaire, Mallarmé, etc.) promis à la consécration.
Although the paratext of clandestine books is generally based on a principle of dissimulation (for instance hiding the identities of the author and the publisher), it often displays a semiotic space whose analysis is likely to renew the interpretation of the text, or even context of the book’s publication. By developing a paratextual reading of illegal editions published by Poulet-Malassis and illustrated by Félicien Rops in the 1860s (in particular L’Art priapique, Baudelaire’s Les Épaves and Le Parnasse satyrique du XIXe siècle), this essay aims to shed light on several functions of clandestine literature in connection with the emergence of the literary field under the Second Empire: firstly its function as parody, secondly as a complement to the authors’ works, and lastly as a reconfiguration of this very field. Far from being a marginal phenomenon in literary history, clandestine (para)textuality appears indeed as a poetic laboratory frequented by several authors (Gautier, Baudelaire, Mallarmé, etc.) destined for glory.