
Romantisme n° 157 (3/2012)
Numéro épuisé
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Alors que la (re)découverte de la polychromie originelle des temples grecs vient mettre à mal les fantasmes de blancheur marmoréenne des Victoriens, le monde médiéval, qui fascine tout autant à cette époque, retrouve plus sereinement ses couleurs chatoyantes, loin des sombres décors du roman gothique anglais. Cette re-colorisation se donne à lire, et surtout à voir, dans les poèmes, essais et créations de William Morris (1834-1896) qui souhaite oublier la noirceur de son temps en se formant à « l’école de la couleur » gothique, célébrée par John Ruskin. Au-delà de ces considérations esthétiques, les couleurs « réminiscentes » de Morris invitent également à une réévaluation radicale du modèle à la fois social, religieux et politique jusque-là associé au Moyen âge.
If the Victorians discovered the original polychromy of ancient Greek temples with a certain sense of unease, they imagined with greater serenity the colours of a medieval “Merry England” which broke away from the sombre world of the Gothic novel. The Middle Ages were a source of great fascination, and the colours of this period are everywhere to be found in the poetry, essays and creations of William Morris (1834-1896) who was eager to distance himself from his own dark age by emulating the Gothic “school of colour” celebrated by John Ruskin. Beyond these aesthetic considerations, what is also at stake in Morris’s “reminiscent” use of colour is a total reappraisal of the social, religious and political model which had up until then been associated with the Middle Ages.

