Romantisme n° 161 (3/2013)
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L’image traditionnelle d’un XIXe siècle peu guerrier est trompeuse à maints égards. Car l’éclipse des champs de bataille sur le continent après 1815 n’a pas tant éradiqué la guerre qu’elle n’a favorisé la multiplication des expéditions ultramarines européennes et les expériences combattantes exotiques. La culture de l’héroïsme et le poids du modèle militaro-viril faisaient craindre aux vétérans de sortir du cercle de la guerre et à la jeunesse romantique de n’y point entrer. D’où l’importance de relier plus fortement les sorties de guerres napoléoniennes et le déploiement des conquêtes coloniales européennes, françaises en particulier. En liant autrement qu’hier le goût de la guerre et l’appel de l’exotisme, l’âge romantique donna en effet naissance au fameux topos de la « guerre comme voyage ». Et ce dispositif affectif inédit de susciter les vocations coloniales et de soutenir, tout au long du siècle, l’entreprise de conquête. Qu’elle ait été vécue au coeur des forêts vierges, au creux des déserts ou des montagnes reculées, la guerre au loin imprégna ainsi en profondeur l’imaginaire social, nouant durablement, autour de la figure du militaire, héroïsme et exotisme.
The 19th century is traditionnally seen as a peaceful one. But this idea should be reviewed. After 1815, battlefields on the continent have almost disappeared. Nevertheless, European overseas military expeditions and exotic fighting experience have prolified, leading to a new experience of war. Because of the culture of heroism and the weight of military male model’s, most veterans feared of being excluded from the circle of the war, besides romantic youth were afraid of not entering it. Hence, it appears very important to strongly connect the ends of the Napoleonic Wars and the deployment of European colonial conquest, the French ones in particular. By connecting the desire of war and the appeal of exoticism in a new way, the romantic age gave birth to the famous topos of war as travel, wich colonial vocations and imperial conquests have expanded throughout the century. Deep in the deserts or remote mountains, in the heart of the virgin forest, wherever abroad war took place at this time, it has deeply impregnated social imaginary, combining for long heroism and exoticism around the figure of the soldier.