Romantisme n° 162 (4/2013)
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Les « proses évangéliques » qu’Arthur Rimbaud a inscrites sur l’envers des feuillets desmanuscrits de « Mauvais sang » et « Nuit de l’enfer » témoignent d’une des plus importantes évolutions de son écriture poétique. Les trois épisodes sur la divination de Jésus en Samarie, la guérison du fils de l’officier en Galilée et celle du Paralytique à Bethesda, sont bien connus, ce qui permet à Rimbaud de détourner les narrations sacrées sans avoir égard à leur continuité narrative, et dans certains passages du récit continu aux phrases discontinues surgit une poésie jusque-là inconnue, que l’on peut dire rimbaldienne par excellence. On y assiste à la création, semblant s’opérer comme par magie, d’une nouvelle langue poétique en prose.
Arthur Rimbaud’s “gospel proses” at the back of the manuscripts of “Bad Blood” and “Night in Hell” bear witness to one of the most important evolutions of his poetic writing. The three episodes – the prophesies of Jesus in Samaria, the cure of the royal official’s son in Galilee and that of the paralytic in Bethesda – are well known, which lets Rimbaud subvert the sacred narratives without having to respect narrative continuity ; it is in some of the transitions from continuous narrative to discontinuous sentences that emerges a poetry as yet unheard of, and which one could conceive of as Rimbaldian par excellence. We can see the creation, seemingly magical, of a new language of prose poetry.