Romantisme n° 165 (3/2014)
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La question du passage est inhérente à l’état de jeune fille, lequel à la fin du XIXe siècle est envisagé comme une transition vers le mariage et le statut de femme accomplie. Or, plusieurs héroïnes naturalistes demeurent figées dans cette phase par définition intermédiaire. Celle qu’Edmond de Goncourt présente dans Chérie (1884) apparaît tiraillée entre un désir la poussant vers l’avant et des blocages entravant sa progression. Cette tension, mise en espace par le biais des mouvements de Chérie (avancées, arrêts) et des lieux qu’elle investit (couloirs, culs-de-sac), fait du corps en développement de la jeune fille le siège de forces antagonistes, exacerbées par une éducation qui la propulse vers le destin de femme tout en la retenant dans la pudeur. La dynamique du parcours de cette héroïne met ainsi en lumière un savoir à propos de et pour la jeune fille du Second Empire.
The notion of passage is intrinsically linked to the state of the jeune fille, which in the late 19th century is seen as a mere transition towards marriage and becoming an accomplished woman. Yet many naturalist heroines remain stuck in this passing phase. Edmond de Goncourt’s 1884 novel Chérie tells the story of a little girl’s struggle with her own desire to go forward when an array of instances hold her back. This tension is textually mapped out by means of Chérie’s movements (runs and halts) within the spaces she plays in (hallways, dead-ends), illustrating how the young one’s developing body is subject to antagonistic forces exacerbated by an education that pushes her toward a woman’s destiny all the while impeding her for decency’s sake. The dynamics of the heroine’s path thus shed light on knowledge about and for the jeune fille of the Second Empire.