LANGAGE S N° 234 (2/2024)
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Notre étude comportementale porte sur le rôle de la structuration syntaxique du message (ordre des mots et fonction du champ gauche) dans la perception des émotions en français. 80 phrases (40 négatives, 40 positives) ont été présentées à 44 sujets de langue maternelle française pour évaluer leur intensité émotionnelle. Pour chaque valence, la moitié des stimuli correspondait à des phrases syntaxiquement marquées par rapport à la phrase neutre SVO, l’autre moitié à leurs paraphrases non marquées. Les phrases négatives ont été évaluées comme étant plus intenses que celles positives, de même que les phrases marquées ont été jugées plus intenses que les non marquées. Ces résultats montrent que le biais de négativité observé dans le traitement d’images est également en jeu dans la perception de stimuli verbaux. Ils soulignent l’interface entre syntaxe et prosodie émotionnelle dans la parole silencieuse.
This behavioral study investigates the interplay between perception of emotions, syntactic linearization, and the first position in French sentences. A corpus of 80 sentences was built : half of the sentences with a negative valence, half with a positive one. For each valence, half were marked sentences and half were their unmarked SVO counterparts. These sentences were presented to 44 adult native speakers of French for judgment of emotional intensity. Negative sentences were assessed as more intense than positive ones and marked sentences were judged more intense than unmarked ones. These results lead us to discuss the negativity bias as a perceptual invariant whatever the stimulus being processed (picture or verbal material). Then, we explain the role of syntax in the production of emotional prosody in silent speech, and discuss the concept of inner voice.