Langue française n° 187 (3/2015)
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Interrogatifs et indéfinis ont en commun de reposer sur la mise en oeuvre d’une variable, dont certains termes (par exemple les mots en kw- de l’indo-européen) sont la manifestation : l’interrogatif invite à substituer une constante à cette variable, l’indéfini utilise la variable, sans la quantifier (dans des contextes irrealis), ou avec un quantificateur (existentiel, universel, de « libre choix » ou négatif). Le latin est une illustration typique de ce fonctionnement : au centre du système, les emplois indéfinis de « l’interrogatif nu » (si quis... ‘si quelqu’un...’). Mais le français n’a que très partiellement conservé ce système : il n’a pas de marqueur spécialisé dans les valeurs d’irrealis, et les liens entre interrogatifs et indéfinis sont, en apparence au moins, complètement distendus. Les liens entre interrogatifs et indéfinis sont donc naturels, mais non contraignants, d’où des possiblités d’évolutions très différentes dans les langues.
Interrogatives and indefinites both involve a variable, as is the case, e.g., in Indo-European kw- words (English wh- words). Used interrogatively, they invite to substitute an appropriate constant to the variable; used indefinitely, they either retain the variable not quantified (in irrealis contexts), or combine it with a quantifier (existential, universal, “free choice”, or negative). Latin typically illustrates this state of affairs: it crucially involves indefinite uses of the so-called “bare interrogatives” as irrealis markers (si quis... ‘if somebody/anybody...’). French has only partially kept this heritage: it has no irrealis marker, and the links between interrogatives and indefinites are, at least apparently, loosened. On the whole, interrogative and indefinite markers are linked naturally, but not compulsorily: they can develop, at least partially, along different paths, –as in French.