Littérature nº193 (1/2019)
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Le devenir d’un genre peut-il faire époque ? Oui, répondent Drieu la Ro-chelle et Emmanuel Berl en 1927, au moment où l’après-guerre se retourne en avant-guerre : « Tout est foutu », dit l’un, tandis que l’autre annonce « la fin du roman ». Alors même que le « liseur de romans » triomphe, le romancier a perdu la main. Berl montre comment la crise de la mimesis naturaliste, dont les bases épistémologiques sont effondrées, mine de l’in-térieur la croyance au roman chez Mauriac ou chez Proust. Il prophétise la dissolution du roman dans la poésie : l’échec des Chemins de la liberté, la féerie célinienne, la lente dérive de Gracq, ne lui ont pas donné tort.
Is the becoming of a genre able to make epoch ? “Yes !” Drieu La Rochelle and Emmanuel Berl answer in 1927 precisely when the postwar years are turned into prewar years : “It’s over ! » the former says when the latter heralds « the death of the novel”. As the “Liseur de romans” prevails, the novelist has lost his touch. Berl shows how the crisis of the naturalist mime-sis, the epistemological bases of which have collapsed, saps from within Mauriac’s or Proust’s belief in the novel. He prophesies the dissolution of the novel in poetry : the failure of Les Chemins de la liberté, the Celinian féerie, Gracq’s slow drift, have not proved him wrong.