LITTÉRATURE Nº216 (4/2024)
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Les traductions qui circulent, en matière de pensée environnementale, dessinent un monde inégalitaire, centré sur l’Occident anglophone. Or l’enjeu est non seulement de décentrer le monde qui s’y pense en pluralisant les langues, mais par le biais des langues indigènes, ce faisant, de faire justice à ce que la nature elle-même comporte d’a priori intraduisible, parce que souvent inaperçu. Peut-être peut-on alors déceler combien le vivant comporte de signes, tout non-humains soient-ils. Le plurilinguisme, en ce qu’il s’attache à la pluralité des langues humaines et de leurs manières diverses de penser le terrestre, hors du seul découpage entre nature et culture, constitue une initiation à des langues autres qu’humaines, ces diverses façons dont le vivant fait signe et raconte des histoires qu’il nous reste à écouter, ce qui est tout autre chose que de réinventer les nôtres, ce qui ajoute un horizon.
When it comes to environmental thinking, the translations currently in circulation outline a world unequally centered on the English-speakingWest. In such situation, the challenge is not only to decenter the world we think about by pluralizing languages, but also, through indigenous languages, to do justice to the a priori untranslatable aspects of nature, that so often go unnoticed. We may then be able to appreciate just how many signs – however non-human – are to be found in the living realm. Plurilingualism, insofar as it focuses on the plurality of human languages and their diverse ways of thinking about the earth alien to the great divide between nature and culture, may provide an initiation to other than human languages, that is to the diverse ways in which the living beings signify and tell stories that still need to be listened to, which is something quite different from reinventing our own.