Romantisme n° 137 (3/2007)
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Autant le dire d’emblée : de ce qu’il y avait sur les tables françaises du XIXe siècle, de menus, de nourritures et de boissons, il ne sera que très incidemment question dans les pages qui suivent. Bien évidemment, il ne s’agit pas là d’un accès de puritanisme, au demeurant tout à fait incongru s’agissant de nos ancêtres, puisque dans les décennies qui suivirent la Révolution, ils ne se contentèrent pas d’inventer le restaurant et la grande cuisine mais ils firent, de Grimod de la Reynière et de Brillat-Savarin à Curnonsky, de la gastronomie et de la littérature gastronomique un des marqueurs de l’identité culturelle nationale. Mais tous ces aspects passionnants ont déjà fait l’objet de multiples travaux, et nous avons tous en mémoire, par exemple, le Mangeur du dix-neuvième siècle de Jean-Paul Aron. Or, même si c’est le plus intime, et curieusement à la fois le plus fugace et le plus loquace, la gastronomie n’est pas le seul plaisir de la table. On ne mange et on ne boit pas seul, mais en compagnie : et c’est cette dimension-là, plus discrète, celle de la commensalité, que nous avons choisi d’explorer dans les articles ici rassemblés, quoiqu’elle soit beaucoup moins bavarde et partant beaucoup moins bien connue. Mais elle n’en est pas moins fondamentale. Savoir quand, en quelles occasions et où l’on mange ensemble ; comment se déroulent les repas et quels ordres, quels rituels s’imposent aux convives dans les différents milieux sociaux ; de quoi l’on peut parler en mangeant et pourquoi l’on se réunit à table, tout cela n’a rien d’indifférent, et peut nous ouvrir des perspectives neuves sur la société et la littérature du XIX e siècle.