
Romantisme n° 145 (3/2009)
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Le poème en prose d’A. Bertrand « Jean des Tilles » (Gaspard de la Nuit, 1842) a fait l’objet d’une première version publiée en 1828 dans un journal dijonnais, Le Provincial, sous le titre Les Lavandières. Notre hypothèse de lecture est que le travail de réécriture que l’on peut observer d’une version à l’autre obéit autant à des contraintes d’ordre stylistique et générique qu’à des réglages culturels, eux-mêmes tributaires en partie des conditions de production et de réception. C’est ainsi que nous proposons de lire l’euphémisation du légendaire rustique, merveilleux et chrétien dans « Jean des Tilles ». Ce texte, « blanchi » et aux accents de conte facétieux, s’inscrit dans une quête de la modernité poétique par sa polyphonie culturelle et sa liberté idéologique. C’est en somme à une « ethnogénétique » que nous procédons ici.
An early version of the prose poem “Jean des Tilles” by Aloysius Bertrand first appeared in 1828 under the title “Les Lavandières” (“The Washerwomen”) in the Dijon literary review Le Provincial before it was published as part of Gaspard de la Nuit in 1842. Our reading of the two versions is based on the assumption that the changes which were made in the rewriting process are as much due to stylistic and generic constraints as to cultural adjustments, which themselves partly depend on conditions of production and reception. This is the interpretation that we are suggesting for the toning down of the legendary dimension in its rural, marvellous and Christian aspects. This “watered-down” text, which reads like a facetious tale, is a good example of the quest for poetic modernity through its cultural polyphony and ideological freedom. This article can thus be seen as an “ethnogenetic” study of the poem.

