ROMANTISME N° 180 (2/2018)
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Le Rouge et le Noir, lu en tant que « récit de vie », peut être rapproché des Mémoires du temps de Stendhal, notamment des Mémoires d’un père de Jean-François Marmontel, ouvrage dont s’inspire le début du roman comme d’un contre-modèle. Le roman de Stendhal s’attaque, à travers la peinture de ses lieux et milieux, aux lieux communs et à l’esthétique d’embellissement très présents dans les Mémoires de Marmontel tout comme dans nombre de récits édifiants des XVIIIe et XIXe siècles. En s’affrontant à ces modèles autobiographiques, le roman met en débat la forme biographique tout en l’adoptant, afin de penser les « leçons » à tirer d’un récit de vie. Stendhal construit son roman contre le geste d’allure paternelle commun à nombre de Mémoires de son époque, fondé sur la transmission d’un savoir et d’une morale, et lui oppose un programme poétique alternatif et critique.
The Red and the Black ( Le Rouge et le noir), read as a “life story”, can be compared with the different memoirs published in Stendhal’s time, among others with Jean-François Marmontel’s Memoirs (Mémoires d’un père), a work which the beginning of the novel uses as a counter-model. Stendhal’s novel attacks, through the description of places and peoples, the clichés and the idealisation so present in Marmontel’s Memoirs as in so many edifying works of the 18th and 19th centuries. In confronting these autobiographical models, the novel puts the biographical form into question even as it adopts it, in order to reflect upon the “lessons” that a life story can teach. Stendhal structures his novel against the paternal gesture proper to so many memoirs of his time, based on the idea of transmitting a moral and a body of knowledge, and puts forward an alternate poetical and critical program.