ROMANTISME N° 182 (4/2018)
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Dès le début des années 1820, le discours antiromantique condamne son ennemi en alléguant sa dimension mercantile, fustigeant ainsi les logiques médiatiques et marchandes qui contribuent au renversement des valeurs littéraires. La réaction est d’autant plus vive que bien des auteurs hostiles à la littérature nouvelle se perçoivent en réalité comme des serviteurs de l’État, et s’investissent d’ailleurs fortement dans le monde académique et savant. Ainsi, la querelle du « classique » et du « romantique », loin de relever d’une opposition doctrinale, serait d’abord le symptôme éruptif d’une dissociation douloureuse du monde lettrée lui-même, de plus en plus déchiré entre la production institutionnelle du savoir d’un côté et la production marchande du littéraire de l’autre.
As early as the beginning of the 1820s, anti-romantic discourse condemns its enemy’s alleged commercialism, thus berating the media and commercial logics contributing to the reversal of classical literary values. The reaction was all the sharper as a number of the authors hostile to the new literature saw themselves as in the service of the State, and are indeed fully invested in the academic and scholarly worlds. Thus, the quarrel between “classicism” and “romanticism”, far from relating to doctrinal differences, is first and foremost the manifest symptom of a division within the literary world itself, increasingly torn between the institutional production of knowledge on the one hand and the commercial production of literature on the other.