ROMANTISME N° 182 (4/2018)
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Les « premiers réalistes », ou « réalistes de la sincérité », autour de Courbet, Champfleury et Duranty, mettent en place dans les années 1850 les bases théoriques d’un mouvement qui se développera tout au long du siècle, jusqu’au naturalisme. Pendant une dizaine d’années, ils s’attaquent sans relâche aux écoles qui les ont précédés, et tout particulièrement au romantisme. Leur antiromantisme virulent a des fondements esthétiques, éthiques, politiques et sociaux, mais leurs prises de position sont souvent paradoxales. Imprégnés de la philosophie de Proudhon, partisans de la démocratie et de l’émancipation du peuple, ils tournent pourtant le dos au prolétariat et à tout un pan de la société moderne en refusant de s’intéresser aux changements qui marquent leur époque. Contestataires, révolutionnaires dans leurs écrits, ils ne peuvent se détacher d’un fond conservateur solidement ancré chez eux. Leur antiromantisme, indissociable d’un antiféminisme et d’un antimodernisme, les rapproche alors, de façon inattendue, de la droite nationaliste du début du XXe siècle.
The “first realists”, or “realists through sincerity”, around Courbet, Champfleury and Duranty, put in place during the 1850s the theoretical basis for a movement that was to develop throughout the century until naturalism. During ten years or so they essentially attacked without respite the schools that had come before them, and in particular romanticism. Their virulent anti-romanticism is grounded in aesthetic, ethical, political and social principles, but their positions are often paradoxical. Steeped in the philosophy of Proudhon, in favour of democracy and of the enfranchisement of the people, they nonetheless turn their back on the proletariat and on modernity, refusing to be interested in the changes taking place around them. Constantly protesting and revolutionary in their writing, they are unable to distance themselves from the solid conservatism they are anchored in. Their anti-romanticism, inseparable from varieties of antifeminism and anti-modernism, makes them the surprising bedfellows of the nationalist right of the early 20th century.