Cet article se consacre, à partir de la monographie d’une école maternelle, à l’étude du nonusage de tracés de cour de récréation établis pour lutter contre la sédentarité des élèves. Il s’agit de comprendre les motifs sous-jacents à la non-utilisation de ces tracés de la part des enseignantes et d’identifier les raisons de la mise en place d’un tel dispositif dans cette école. L’analyse des pratiques professionnelles, des discours des enseignantes et de la directrice, révèle les mécanismes d’adoption et/ou de rejet d’une innovation reposant à la fois sur les avantages visibles, la complexité du dispositif et la compatibilité de ce dernier avec les compétences des enseignantes, les comportements et les valeurs liés à son usage. L’étude du « non-usage » des tracés fait émerger le poids des routines et des contraintes profes-sionnelles. L’instauration du dispositif relève alors plus d’une opportunité permettant à la directrice de répondre à ses valeurs et aux contraintes professionnelles qui lui incombent en termes de fonctionnement et de climat scolaire tout en assurant, un tant soit peu, une reconnaissance, une protection professionnelle dans le futur.