Carrefours de l'éducation n°48 (2/2019)
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Même si elle entend s’appuyer sur les spécificités du développement de la petite enfance, l’école maternelle fait de plus en plus référence à l’école élémentaire, notamment au travers de ses méthodes évaluatives. En poursuivant précocement une détection des difficultés d’apprentissage, dans le but de participer à la lutte contre l’échec scolaire, elle contribue, au travers de ses pratiques évaluatives, à produire des expériences scolaires fort diverses. L’objectif de cet article est de comprendre quelles sont les expériences des enfants face à de telles pratiques, et comment ils s’organisent dans un univers scolaire qui leur renvoie une image pas toujours positive d’eux-mêmes. Le matériau empirique privilégié ici est constitué d’entretiens semi-dirigés. Nos résultats montrent que dès le début de la scolarité, les statuts scolaires influencent de façon importante les comportements des enfants, notamment en ce qui concerne la façon de préserver leur estime personnelle ou d’afficher une véritable satisfaction du statut de meilleur élève.
Kindergarten, even if it purports to deal with the specificities of early life, has increasingly been turning towards primary school, in particular where its evaluation methods are concerned. By seeking out learning difficulties as precociously as possible, in order to lower rates of school failure, it contributes, through its evaluation practices, to the production of very diverse school experiences. This paper aims to understand how children experience these practices, and how they manage a school environment which does not always mirror positive images of themselves. The empirical corpus which has been given priority here consists in semi-directive interviews. Our results show that as soon as their schooling starts, school status influences the behaviour of children, in particular regarding the way they will strive to preserve self-esteem or advertise satisfaction with the status of top student.