Carrefours de l'éducation n° 34 (2/2012)
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À partir de l’analyse des discours officiels, des textes de loi et des circulaires ministérielles, cet article veut comprendre les caractéristiques prises par l’idéologie néolibérale en Italie. Il s’intéresse aux idées sur la culture scolaire qui inspirent les politiques éducatives des deux derniers gouvernements dirigés par Silvio Berlusconi. La modernisation de la culture scolaire et la mise en valeur de la famille catholique sont les deux axes sur lesquels les politiques de l’éducation seront bâties. La famille, institution très importante dans le pays, doit selon les ministres de l’éducation, reprendre sa priorité dans l’éducation par rapport à l’État et l’Église catholique doit avoir toute sa place et son pouvoir dans les programmes scolaires. Ainsi que dans le reste du monde néolibéral, pendant les gouvernements de Berlusconi, la modernisation va de pair avec la transformation de la culture en un bien de marché. L’article montre comment, en Italie, cette idéologie s’en prend autant à la culture de l’école qu’au patrimoine artistique. L’idée de culture de la « N ation » qui a dominé dans le pays depuis son unification, se transforme ainsi en celle d’un ensemble de biens qui peuvent enrichir les particuliers. Le pays européen de l’art risque ainsi de voir des oeuvres mises en danger et surtout de voir défigurer un goût commun pour la beauté qui a caractérisé jusqu’à présent la manière de vivre ensemble des Italiens et la culture scolaire.
From examination of official speeches, Law texts and ministry circulars, this article seeks to understand the characteristics taken on by neoliberal ideology in Italy. It looks at the ideas on the culture of schooling which has been inspiring education policies of the last two governments led by Silvio Berlusconi. The education policies are built along two main lines: modernization of the educational culture and the enhancement of Catholic family values. According to the education ministers, the family, a highly important institution in the country, must take back its former priority in education compared with the State and the Catholic Church should have its place along with power over school curricula. As in the rest of the neoliberal world, when the Berlusconi governments were in office, such modernization went hand in hand with the changes that are making culture a market commodity . The paper shows how, in Italy, this ideology takes it out both on culture and the artistic heritage. The idea of the Culture of the “Nation” which has dominated in Italy since its unification, thus transforms into that of an ensemble of items of property which can enrich individuals. Europe’s major country of art is thus running the risk of seeing its oeuvres endangered and especially of a denaturing of a common taste for beauty which up to now has characterized Italians’ way of living together and indeed the schooling culture.