Annales de Géographie n° 702-703 (2-3/2015)
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Cet article propose de discuter de la construction politique et sociale de la population pénale à Yaoundé, capitale du Cameroun, plus largement de la gestion des illégalismes en ville. Dans un premier temps, l’analyse d’une série de données collectées sur la population détenue de la prison centrale de Yaoundé permet de formuler l’hypothèse d’une sous-représentation des détenus condamnés pour revente de cannabis, au regard des divers motifs d’incarcération. C’est pourquoi, dans un deuxième temps, l’analyse se décentre de l’étude de la prison en tant que telle pour privilégier celle du quotidien de plusieurs dealers de quartiers populaires de Yaoundé. En retraçant les itinéraires et les stratégies de revendeurs de cannabis, il s’agit de comprendre quels sont les modes de négociations permettant l’exercice et la pérennité d’une telle activité. Dès lors, il paraît possible de resituer le rôle de la prison au sein du système pénal eu égard à celui d’autres institutions intervenant en amont de la prison : la justice et surtout la police et la gendarmerie. Du quartier à la prison, cet article revient sur les manières de gouverner la ville, dans le cadre d’un dispositif de pouvoir où entrent en tension la loi, différentes normes (professionnelles, sociales), des stratégies et des tactiques des habitants permettant, à divers degrés, des formes de transgressions. L’analyse a pour objectif de montrer comment des processus d’assujettissement s’expriment et se développent à travers une multitude de sites comme d’institutions : la prison, le commissariat ou la brigade de quartier notamment.
This article discusses the political and social structure of the penal population in Yaoundé, the capital of Cameroon, and more broadly examines the management of illegalisms in the city. Based on a statistical study of prison registry records, the analysis will give particular attention to the everyday life of poor neighbourhoods and the illegal activities within them. It now appears possible to reconstruct the role of prison within the penal system, taking account of that of other institutions and methods of regulating social relations in the city, first and foremost the police and the gendarmerie. From neighbourhoods to prisons, this article looks at ways of controlling the city, in the context of a reticular system of power that involves a tense intertwining of the law, various norms (professional, social) and inhabitants’strategies and tactics that, to varying degrees, allow them various forms of transgression. The objective of the analysis is to show how the subjugation process is manifested and developed through a variety of places and institutions, especially prisons, police stations and neighbourhood police substations.