
Histoire, économie & société (1/2011)
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Dans l’organigramme des comitats, le föispán est l’homme du souverain, « le roi dans la province ». Mais le föispán hongrois dispose de compétences bien plus larges que le gouverneur français. Chef du comitat, il doit en surveiller tout le fonctionnement, et constituer un appui pour le souverain. Mais le föispán est un aristocrate, et il peut être originaire du comitat, où il a sa clientèle, et l’ispanat perpétuel bloque le renouvellement d’une partie du groupe. À la fois noble hongrois et représentant du souverain, le foispán est pour le comitat à la fois un chef et un médiateur. Lié au roi par la fidélité et les obligations de sa charge, il est aussi attaché au comitat par les relations personnelles, et les vestiges de la traditionnelle familiaritas. Longtemps, les historiens hongrois ont considéré que le foispán vivait loin du comitat dont il ne s’occupait guère. En réalité, cependant, les relations entretenues entre les föispán et les administrateurs du comitat semblent bien plaider en faveur d’une implication parfois forte du föispán dans l’administration locale. Néanmoins, le rôle du f˝oispán pose des questions bien plus larges que le simple fonctionnement de l’administration locale. En transformant les föispánok de comitat en commissaires (föispánok) de district, et en les dotant d’instructions qui modifient à la fois le système des comitats et leur rôle à leur tête, Joseph II met fin à cet équilibre certes fragile mais efficace qui fait du föispán l’homme du roi et le protecteur du comitat. Or cette situation n’est pas seulement le fruit de la prudence de ses prédécesseurs, on peut en réalité y voir un résumé de l’institution des comitats où convergent pouvoir politique de la noblesse, pouvoir social de l’aristocratie et autorité royale. Plus qu’un représentant de l’autorité, il faut peut-être voir dans le foispán l’une des clefs de voûte du système, permettant de moduler la pression et d’atténuer les tensions qui peuvent s’exprimer de part et d’autre. La présence d’un föispán n’est pas ressentie par le comitat comme une exposition directe à l’autorité royale – qui éveillerait systématiquement la suspicion et susciterait sinon le rejet du moins de fermes réserves – mais au contraire, comme une instance de médiation, un recours extérieur et influent en cas de problème au sein du comitat ou avec les instances supérieures. Elle permet aussi aux administrateurs de comitat de se décharger d’une partie des responsabilités.
In the org chart of the hungarian counties, the föispán is the man in charge, the « king of the province ». But the Hungarian föispán benefits from many more competencies than the French governor. Head of the county, he must oversee the entire operation and provide a support for the sovereign. But the föispán is an aristocrat, and can come from the county where his clientele is, and the perpetual ispanat prohibits the renewal of part of the group. A noble Hungarian and a representative of the sovereign, the föispán is both a leader and a mediator. United to the king via the loyalty and obligations of his duties, he is also attached to the county through his personal relationships and the remnants of the traditional “familiarities”. For a long time, historian believed that the föispán lived far from the county for which he paid little attention. However, in reality, the relationships between the föispán. and the county administrators seem to plead in favor of an involvement of the föispán, often significant, in the local administration. Nonetheless, his raises questions far beyong the simple operation of the local administration. By changing the föispán from county to district commission member, and by providing them with instructions that both modify the counties system and their role heading them, Joseph II ends this fragile although effective balance that makes the föispán the right hand/mn of the king and the protector of the county. However, this situation is not only the result of the prudence of its predecessors ; one can see a summary of the county institutions where political power of the nobility, social power of the aristocracy and royal authority meet. More than a representative of the authority, the föispán could possibly be one of the keystones of the system, allowing to modulate the pressure and ease tensions that can be expressed from each side. His presence is not seen as a direct exposure to the royal authority-which automatically raises suspicions and if not a reject, firm reserves- but to the opposite, as a mediation authority, an outside and influent medium in case of issues within the county or with superior authorities. Besides, the presence of the föispán allows the administrators of the “comitat” to delegate some of their responsabilities.

