Histoire, Economie et Société (1/2023)
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Richelieu attisa le feu des guerres civiles britanniques, voici une expression que l’on rencontre souvent dans les ouvrages des premiers historiens de la révolution anglaise. En effet, depuis le XVIIe siècle, l’historiographie de l’époque moderne, qu’elle soit française ou britannique, accuse le cardinal d’ingérence dans les affaires anglo-écossaises. L’objectif de cet article, écrit hors de tout point de vue national ou unilatéral, vise à définir le rôle de Richelieu dans le déclenchement et le déroulement des événements révolutionnaires en Angleterre, à croiser les analyses françaises et britanniques sur les stratégies à l’oeuvre, ainsi qu’à lever le voile et à approfondir nos connaissances sur les enjeux que présente pour la France la conjoncture politique britannique dans les années 1637-1642. Fidèle à sa politique de balance et d’équilibre, digne d’un grand diplomate et tacticien, le cardinal mit tout en oeuvre afin de profiter de la faiblesse de Charles Ier, jeté dans le tourbillon révolutionnaire—ruiner la faction catholique pro-espagnole à la cour d’Angleterre, empêcher une alliance anglo-espagnole ainsi que se rapprocher des parlementaires plus favorables à la France qu’à l’Espagne— sans pour autant avoir besoin, en réalité, de fomenter ouvertement ou secrètement les mouvements révolutionnaires britanniques.
“Richelieu stoked the fire of the British civil wars”. This is an expression often encountered in the works of the first historians of the English Revolution. Indeed, since the 17th century, the modern historiography, whether French or British, has accused the cardinal of interference in Anglo-Scottish affairs. The objective of this article, written outside any national or unilateral point of view, aims to define the role of Richelieu in the triggering and unfolding of revolutionary events in England, to cross French and British analyses of the strategies at work but also to deepen our knowledge of the issues presented for France by the British political situation in the years 1637-1642. Faithful to his policy of balance, worthy of his post as a great diplomat and tactician, the cardinal did everything to take advantage of the weakness of Charles I, thrust into the revolutionary whirlwind — to ruin the pro-Spanish Catholic faction in the English Court, to prevent an Anglo-Spanish alliance as well as to get closer to parliamentarians who were more favorable to France than to Spain — without having to openly or secretly foment the British revolutionary movements.